Chaque jour les irakiens chrétiens sont victimes d’inégalités sociales, de discriminations, de menaces, d’enlèvements, de conversions forcées, d’attentats, d’assassinats et de massacres, victimes d’un amalgame idéologique qui les associe aux Croisés, et à l’Occident, et qui les force à abandonner leur terre ancestrale, leur terre originelle.
Non les Chrétiens d’Irak ne sont pas une excroissance occidentale en Orient. Ils vivent sur ces terres depuis l’origine du christianisme. Ils sont chez eux comme tous les citoyens irakiens, et voudraient y rester. Leurs maisons sont détruites, leurs villages rasés, et rayés de la carte. En sept ans la population chrétienne d’Irak s’est réduite de 50%. La situation de ceux qui restent ne cesse de se détériorer, confrontés à la précarité et au danger quotidien. L’abandon et la fuite constituent leur seul espoir de survie, poussés vers un exode irrépressible, déchirés entre le partir et le rester, entre la valise et le cercueil. Certains vivent aujourd’hui dans des camps de fortune près des frontières, dans l’attente de visas qu’ils n’obtiendront vraisemblablement jamais, en attente de visas pour fuir la mort.
Les voilà à présents désignés par les extrémistes islamistes, comme leur « cible légitime », dénoncés comme des étrangers qu’ils veulent éliminer, dont ils veulent éradiquer toute présence. La peur les poursuit jusqu’en France, où manifester, leur fait craindre pour la sécurité de leurs familles et de leurs proches restés sur place. Notre silence nous renvoie la déplorable image de l’abandon. L’inertie serait coupable, et rappellerait d’autres silences de terrible et sinistre mémoire.
La LICRA, Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, est révoltée par le sort que subit cette minorité que certains veulent décimer, en Irak, et ailleurs au Proche et Moyen orient. La LICRA qui lutte contre toutes les formes de discrimination et de persécution, s’insurge contre ces actes sectaires et barbares dont ces minorités sont victimes depuis trop longtemps. La LICRA rappelle que la liberté de conscience est un droit inaliénable, universel et individuel. Si cette tragédie est abordée au Conseil de Sécurité des Nations Unies comme en a appelé de ses vœux le Ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, la LICRA qui s’y est associée demande également aux États membres du Conseil des Droits de l’Homme, la mission diplomatique française en tête, de se saisir en urgence de cette situation intolérable, qui confine à une sorte de processus de purification ethnico-religieuse. Il faut d’urgence que cessent ces persécutions et l’indifférence qui les entoure.
René Guitton – LICRA - Délégué Exécutif de l’Observatoire Culte et Laïcité