Avec le regain d’actualité sur l’affaire des moines de Tibhirine, et suite aux interventions cette semaine de René GUITTON dans les émissions radio et télévisions (*Michel Field, LCI, Léa Salomé, France 24, I-Télévision, RMC...)
Nous voudrions également vous signaler l'article paru le 9 juillet dans France Soir, 5 colonnes, avec interview de René Guitton, *relatif aux ouvrages suivants:
- Ces Chrétiens qu’on assassine (Flammarion 2009)
- Si nous nous taisons (Pocket 2009)
- Si nous nous taisons (Calmann-Lévy 2001)
France Soir
René Guitton, éditeur, écrivain, auteur d'un livre enquête(*) sur l'assassinat des moines trappistes de Tibhirine
Propos recueillis par Samy Mouhoubi:
"Nous sommes au cœur d'une véritable affaire d'état!"
France Soir. Qu'apportent, selon vous, les récentes déclarations du général Buchwalter dans l'affaire de Thibirine ?
René Guitton. François Buchwalter vient corroborer les faisceaux d'éléments déjà évoqués par les anciens des services algériens que sont Abdelkader Tigha et Mohamed Samroui. Cependant, dans sa déposition, l'ancien militaire de la DGSE évoque aujourd'hui un raid lancé par l'armée algérienne qui aurait provoqué la " bavure " et donc la mort des sept trappistes et de leur escorte d'islamistes.
Pourquoi avoir choisi de consacrer une enquête et un livre à l'enlèvement et à l'assassinat des sept frères ?
J'ai toujours été proche de cette communauté depuis ma plus tendre enfance. Je suis donc toujours resté au contact de cette communauté de cisterciens. Il était donc tout naturel que j'enquête. Je suis donc allé à plusieurs reprises en Algérie, cinq années durant, pour enquêter même si ça n'a pas été simple.
Qui avez-vous rencontré lors de vos investigations ?
A l'époque, pour mon enquête, j'ai sollicité de nombreux responsables politiques français. Alain Juppé, Jean Louis Debré et Hervé de Charrette m'ont toujours assuré qu'ils ne pouvaient rien me dire sur cet épineux sujet. Traduction claire, à mon sens : cela a tout de suite sous-entendu qu'il y avait quelque chose à dire. L'un d'entre eux, dans un sourire, m'a même affirmé : " je ne vous dirai rien… "
Qu'impliquent, selon vous, les révélations de l'ancien membre de la DGSE ?
De mon point de vue, nous sommes aujourd'hui au cœur d'une véritable affaire d'état qui concerne les rapports troubles entre la France et l'Algérie. D'autant que lorsqu'il dépose devant le juge Trévidic, François Buchwalter affirme avoir aussitôt répercuté, à l'époque, ses révélations à tous ses supérieurs hiérarchiques. Autrement dit, si ce qu'il affirme est vrai, il y a eu une complicité de silence de l'état français vis-à-vis de l'état algérien. Encore faut-il se rappeler qu'en 1996, la France, qui craint des attentats terroristes équivalents à ceux de 1995, avait tout intérêt à emboîter le pas d'Alger. Bref, Paris et Alger ont théoriquement un seul et même adversaire commun : les islamistes. /p>
Croyez-vous possible que l'on puisse, un jour, démontrer avec certitude la façon dont les trappistes ont été enlevé puis tués au printemps 1996 ?
Nous sommes tous révoltés aujourd'hui du silence coupable des autorités françaises qui nous ont menti depuis 1996. Pour moi, cette affaire des moines de Tihirine contient beaucoup de points communs avec l'enlèvement de Mehdi Ben Barka, du nom de cet opposant marocain, enlevé en 1965, en plein Paris. Car, 45 ans plus tard, malgré le décès de tous les principaux protagonistes et alors qu'on nous en avait promis la levée, le secret défense est toujours de rigueur dans cette affaire. Ce n'est en tout cas pas comme cela que l'on va améliorer les relations entre les deux rives de la Méditerranée…
(*) Si nous nous taisons, nouvelle édition (éd.Pocket, mars 2009.
Ces chrétiens qu'on assassine (éd. Fayard, mars 2009)