Insignes des Art et des Lettres

Mercredi 18 septembre 2013 -

Cérémonie de remise des insignes de Chevalier des Arts et des lettres, nomination de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, et remise par le président du Conseil Constitutionnel Jean-Louis Debré.

Non à la christianophobie !

René Guitton a mené une enquête de terrain sur les discriminations, les persécutions et les assassinats dont sont victimes les chrétiens, notamment en Orient.

Décembre 2008 : les attentats de Bombay, commis par des moudjahidines, tuent 170 personnes et font près de 300 blessés. Le même mois, au Nigéria, lors d’émeutes, plus de 300 chrétiens sont mis à mort par des groupes musulmans et leurs églises détruites :"Le premier événement a fait la une de tous les quotidiens et journaux télévisés, le second a été à peine mentionné", constate René Guitton dans son livre-enquête "Ces chrétiens qu’on assassine" né de sa parfaite connaissance du Maghreb, de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Asie.
Il s’explique.
- Pourquoi avez-vous juxtaposé ces deux drames ?

- Je ne fais pas l’arithmétique des morts, mais un constat. Si la presse française en avait parlé, elle aurait fait de la christianophilie de mauvaise aloi. En plus, c’est en Afrique n’est-ce-pas ? C’est moins vendeur. Parler des chrétiens est un mauvais sujet.

- N’êtes-vous pas excessif ?

- Lorsqu’il y a des profanations de tombes juives ou musulmanes en France, on s’en émeut à juste titre. Lorsqu’il s’agit d’agressions dans les cimetières chrétiens, personne n’en parle alors qu’il y en a beaucoup, et tous les jours. Les chrétiens eux-mêmes ne réagissent pas, pris par l’ignorance, souvent, pris aussi par cette culpabilité née de l’attitude de l’Eglise pendant la Shoah, née aussi de la colonisation. Et puis, il y a cette vision laïcarde, extrémiste, intégriste qui fait qu’il n’est pas de bon ton de parler chrétien, sou peine de d’être suspecté d’être une grenouille de bénitier. On s’époumone quand le président de la République accueille de pape. Quand il s’agit du Dalaï-lama qui n’est rien d’autre qu’un théocrate, on le presse de le recevoir !

- Dans votre enquête, vous dénoncez les persécutions dont sont victimes aujourd’hui les chrétiens, au Maghreb au Moyen-Orient et en Asie. Quelle est votre explication ?

- Elle tient d’abord à l’amalgame qui est fait, dans de nombreux pays. Les chrétiens locaux d’Irak, d’Egypte, d’Algérie et d’ailleurs sont accusés d’être forcément liés à l’Occident, à qui on a mis l’estampille chrétienne même s’il se déchristianise à grande vitesse. L’Occident, c’est les américains et c’est Israël qui est un bon prétexte pour faire de l’antichristianisme. On s’attaque aux chrétiens parce qu’ils sont chrétiens, ce qui fait que l’Orient, en particulier, là où est né le christianisme, se vide de ses chrétiens. Même la Terre sainte n’est pas le paradis pour les chrétiens. Benoît XVI n’y sera pas forcément bien accueilli, d’autant qu’il a accumulé les bourdes, la dernière à propos de la levée de l’excommunication de l’évêque révisionniste Richard Williamson.

- Comment lutter contre la christianophobie ?

- Par la suppression de toute mention d’appartenance religieuse sur les cartes d’identité. Par l’éducation. En Algérie, l’histoire commence avec la conquête arabo-musulmane, au VIIe siècle, comme s’il ne s’était rien passé avant. En Egypte, il y a les pharaons et tout d’un coup l’arrivée de l’Islam. Au Pakistan de même, on ignore les autres religions. Œuvrer pour les chrétiens est une urgence, une question d’humanité qui nous concerne tous, au risque de nous découvrir un jour responsables, à tout le moins de déplacements de populations tendant à accentuer le fameux choc des civilisations.

Propos recueillis par Michel Vagner.

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