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NOUVELLES REVELATIONS SUR L'ASSASSINAT DES MOINES DE TIBHIRINE

Le Point.fr - Publié le 15/03/2011 à 15:14 - Modifié le 15/03/2011 à 15:32 - Article original

Les moines de Tibhirine

De nouveaux éléments infirment la thèse d'une "bavure" de l'armée algérienne.

Les moines avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. © Sipa

La thèse d'une "bavure" de l'armée algérienne dans la mort des moines de Tibhirine est attaquée par l'écrivain René Guitton, qui apporte dans un nouveau livre des éléments inédits sur la tragédie des sept religieux, quinze ans après leur enlèvement le 26 mars 1996. Fruit d'une longue investigation, En quête de vérité : le martyre des moines de Tibhirine (éd. Calmann-Lévy) éreinte la thèse de l'ancien attaché de défense français à Alger, le général François Buchwalter, et celles de dissidents algériens.

L'auteur dévoile le nom de l'informateur du général Buchwalter qu'il n'avait pas livré au juge Trévidic lors de son audition. Il revient sur la déposition du militaire accréditant la thèse de la "bavure" militaire, et fait analyser les photos des têtes de moines par des experts. Pour autant, René Guitton ne lave pas de tout soupçon les services algériens et ne répond pas à la question : qui a tué les moines ?

GIA

Enlevés dans leur monastère dans une région où les tueries étaient quotidiennes, les sept religieux ont été exécutés après deux mois de captivité et leurs têtes retrouvées au bord d'une route le 30 mai 1996. Le Groupe islamique armé (GIA) de Djamel Zitouni, qui avait demandé aux étrangers non musulmans de quitter l'Algérie sous peine de mort, avait revendiqué l'enlèvement et l'assassinat. Cette version officielle, validée par Paris et par l'Église, sera mise à mal par trois déserteurs selon lesquels le GIA aurait été manipulé par les services secrets et Djamel Zitouni, un agent infiltré. Une accusation amputée, selon René Guitton, d'un "début de preuve certaine".

Le 25 juin 2009, le général Buchwalter affirmait au juge Trévidic que les moines avaient été tués par des tirs depuis des hélicoptères militaires alors qu'ils se trouvaient dans ce qui semblait un bivouac de djihadistes. L'officier a affirmé au magistrat tenir ses informations d'un ancien camarade algérien de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr dont le frère, commandant d'une escadrille d'hélicoptères, avait participé à cette "bavure".

Exécution

Après avoir révélé le nom de ce "camarade", René Guitton affirme que l'armée algérienne était dotée d'hélicoptères MI 24 équipés de canons circulaires 38 mm, de roquettes antichar et de mitrailleuses de calibre 12,7 mm. Des armes qui, après des tirs d'altitude, auraient entraîné l'éclatement des têtes. Or, celles-ci sont "presque intactes pour certaines", selon l'auteur, qui a consulté leurs photos. Chacune "porte un seul impact de balle" après un tir "dirigé de haut vers le bas". Les moines auraient donc été exécutés chacun d'une balle par des hommes debout alors qu'ils étaient agenouillés. René Guitton demande une autopsie des têtes qui pourrait conduire jusqu'à la découverte des corps, après prélèvement des résidus de poussière, de pollen, de brindilles et particules. La décapitation était répandue en Algérie, où les têtes des victimes étaient fréquemment découvertes sur les routes, dans les champs.

L'auteur rappelle par ailleurs qu'Alain Juppé et Jean-Louis Debré, alors respectivement Premier ministre et ministre de l'Intérieur, tenus dans l'ignorance d'une mission secrète confiée par Jacques Chirac à Jean-Charles Marchani, ont fait avorter une opération pour tenter de libérer les moines L'ancien préfet du Var, qui avait noué des contacts avec le GIA, avec l'accord d'Alger, "n'a pas à connaître ce dossier", selon un désaveu formulé alors par un communiqué du Quai d'Orsay. "Vous avez rompu le fil du dialogue, nous avons tranché la tête des moines", avait répondu Zitouni. Dans le livre, Alain Juppé confesse : "Je me trompais peut-être (...) puisque la conclusion a été l'échec que l'on sait."

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